Démarche scientifique :

"Sexe" et "genre" sont deux mots distincts qui ont chacun plusieurs définitions différentes. D’après le Centre National de Ressources Textuelles et Linguistiques (CNRTL), le sexe concerne la biologie et la génétique ; il s’agit de tous les attributs (chromosomes, hormones, gamètes...) qui différencient l’homme de la femme et leur permettent de se reproduire. Par extension, il s’agit de tout ce qui différencie les femelles des mâles. Lorsque l’on parle de "sexe", on parle autant des caractéristiques physiques ou chromosomiques, que des organes reproducteurs ou encore de l’acte d’accouplement entre deux êtres humains. Le genre désigne également une construction grammaticale servant à distinguer le féminin du masculin dans une langue et l’ensemble des êtres ou des objets présentant de grandes similitudes (d’origines, de caractéristiques...).

Dans son document Outils pour l’égalité des filles et des garçons à l’école : les concepts en jeu, le réseau Canopé met en avant cette différence en arguant le fait que la distinction entre ces mots est faite pour séparer ce qui relève de l’ordre du biologique et ce qui est de l’ordre du social. On utilise alors le mot "genre" et non "sexe" pour aborder les différences et similitudes entre les filles et les garçons du point de vue du fonctionnement social d’un groupe d’individus. Malgré le fait que le genre représenterait la dimension sociale du sexe (terme de l’on retrouve notamment dans la discipline universitaire sociologie de genre), il ne faut pas réduire le concept de genre à cette simple définition. En effet, le "genre" est un processus qui désigne la manière dont se construit, se transforme et se reproduit la distinction sociale entre hommes et femmes. Si, au regard du hasard de la génétique, chaque être humain naît femelle ou mâle, leur construction et différenciation sociale peut différer. Un enfant peut en effet considérer que le sexe anatomique qui lui a été attribué à la naissance, sa psychologie et le rôle social qu’il s’octroie correspondent, ou non, les uns aux autres.

On peut rapprocher la question de genre à la notion de "classes sexuelles", mise en avant par Erving Goffman, dans son ouvrage L’arrangement des sexes en 1977. Selon le sociologue, ces "classes" ne sont pas une création naturelle mais une construction des sociétés qui instrumentalisent cette différenciation. Il fonde son étude sur ce questionnement : "Comment, sans justification biologique, ces différences biologiques sont-elles élaborées socialement ? Comment la société produit-elle elle-même ces différences sociales ?". En effet, selon son étude, les différenciations de genre, visibles au travers de croyances ou de comportements de genre, n’ont rien à voir avec les différences biologiques. Posséder une paire de chromosomes XX ou XY ne justifie pas l’apprentissage de conduites si distinctes entre individus de sexes différents. Car il s’agit bien d’un apprentissage, que l’on transmet aux enfants dès le plus jeune âge, selon Goffman, déjà dans les relations entre frères et soeurs. Le sexe devient alors un prétexte de discriminations qui se traduit par la différenciation des comportements de genre. Tout en relativisant son propos, qui se place, rappelons-le, au sein d’une étude empirique dans les années 1970, cet ouvrage représente une base intéressante pour mieux appréhender la notion de genre.

Ainsi, le genre se rapporte davantage à l’identité propre de chaque individu. Une identité qui définit la personne, qui est construite tout au long d’une vie et qui est mouvante. Le genre dépend non pas de la génétique, contrairement au sexe, mais de la psychologie profonde d’un individu dont le développement est influencé par ses interactions avec les autres. La définition du genre a donc à voir avec la question de la représentation de soi et du rapport à l’autre, deux thématiques fondamentales du programme de seconde générale et technologique.

Bibliographie :

Goffman, Erving, (2002), L’arrangement des sexes, Paris, Éd. La Dispute, coll. Le genre du monde

Ministère de l’éducation nationale, (2019), Programme d’enseignement moral et civique de seconde générale et technologique, Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, disponible sur : https://cache.media.education.gouv.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/90/0/spe572_annexe1_1062900.pdf

Ministère de l’éducation nationale, (2019), Programme de langue vivante étrangère en seconde générale et technologique, Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, disponible sur : https://cache.media.education.gouv.fr/file/SP1-MEN-22-1-2019/95/2/spe585_annexe1_1062952.pdf class="author-a-3z79zz74zz90zyz68zbipz83zc6z68znz80zz122z">

Ministère de l’éducation nationale, Les enjeux de l’égalité filles-garçons, Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, disponible sur : https://eduscol.education.fr/cid46856/les-enjeux-de-l-egalite-filles-garcons.html class="author-a-3z79zz74zz90zyz68zbipz83zc6z68znz80zz122z">

Panazol Jean-Marie, Outils pour l’égalité des filles et des garçons à l’école : les concepts en jeu, Réseau Canopé, disponible sur : https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/Plan_egalite_filles-garcons/OEFG_Concepts_en_jeu.pdf